sgg_logo   Briefwechsel Maurus Meyer von Schauensee:

Biographie / Introduction
Introduction

Le texte suivant, rédigé à une date inconnue en brouillon par le frère aîné de Maurus Meyer, Franz Bernhard, peut servir comme introduction à la lecture des lettres présentées. En considération de cette fonction, il a été, à la différence de ces dernières, corrigé, et modernisé.

Meyer naquit en 1765 à Lucerne en Suisse.

Il entra en 1784 au Régiment des Gardes suisses en qualité de sous-lieutenant.

Lors de la Révolution de 1789, il fut envoyé le 14 juillet avec un détachement de 50 hommes à la Halle aux bleds de Paris, où il commanda depuis ce jour jusqu’au 19 septembre de la même année. Sa mission était d’entretenir la police à la Halle dans un moment, où la disette de farine était parvenue à son comble. Son poste était absolument ouvert et isolé de son corps, et il fut à la fin abandonné à lui-même. Il fallait refreiner une populace que l’impunité, avec laquelle se commettaient des crimes tous les jours au commencement de la révolution, avait encouragé à tous les excès. Le moindre traitement dur, la moindre insulte l’y portait, et la disette aggrava ces circonstances pénibles. Il fallait protéger les boulangers, que l’irréflexion avait fait considérer comme auteurs de cette disette, contre les outrages et attaques, auxquels ils étaient journellement exposés. Il fallait enfin s’assurer de sa propre troupe, dont la fidélité commençait à être ébranlée par le mauvais exemple de tous les militaires qui désertaient impunément; par l’or, les promesses, les calomnies, le vin, l’imposture, que les malveillants employèrent tour à tour pour la débaucher. Prête à l’abandonner, ce ne fut qu’avec beaucoup de peines qu’il parvint à la faire revenir à son devoir. Ses soins et son inquiétude augmentèrent par la suite pour l’y retenir. En partageant ses privations et la fatigue du service, il réussit à apaiser ses cris et gagner sa confiance, et en rétablissant ces rapports d’affection, d’estime et d’honneur, qui firent renaître l’ordre et la discipline, il put enfin compter son attachement et sa fidélité.

Dans cette position critique et épineuse, l’autorité et la force n’étaient rien. Mais il trouvait dans la prudence, la persuasion et l’abandon de sa propre personne des ressources qui assuraient la police, la distribution régulière des denrées et la tranquillité de son poste, d’où dépendait celle de Paris même. Il sauva deux commissaires civils, envoyés par la Commune à la Halle, de la fureur du peuple1 . Il se jeta sans armes au milieu de la mêlée la plus forte pour arrêter l’effusion de sang et, couvrit de son corps des2 citoyens et militaires qui avaient été assaillis. Des blessures, dont il fut atteint, firent voir qu’il n’avait jamais craint d’exposer la sienne3 .

Il remplit l’objet de sa mission de la manière la plus satisfaisante. Il emporta l’estime générale, et il en reçut les témoignages les plus flatteurs et honorables de toutes les autorités, et du corps des boulangers, lesquels avaient fini par le regarder comme leur ami, leur père et bienfaiteur, auquel ils devaient tous leur vie.

Les Electeurs lui donnèrent eux-mêmes le témoignage que c’était à ses soins que bien des fois Paris devait sa tranquillité. Il obtint du roi une médaille en or, après avoir refusé une gratification en argent que le ministre de la guerre lui avait offerte pour prix de ses services pour des motifs qui tenaient autant au militaire qu’ils étaient conformes au dévouement généreux qui animait alors les citoyens français.

 


1. Première rédaction partiellement biffée [= PRPB]: Il a sauvé un commissaire de la fureur de la populace, qu’il a[vait] irrité de par des propos indiscrets.
2. PRPB: boulangers et forts des Halles pour arrêter l’effusion de sang, il a sauvé la vie à plusieurs militaires et citoyens imprudents.
3. Entendez: sa propre vie.